2953 - Sur des éléments tactiques de la stratégie maritime contemporaine

N. Lygeros

Dans le cadre de la confrontation en surface, les éléments tactiques de la stratégie maritime contemporaine ont absorbé l’espace aérien d’une part avec les porte-avions et d’autre part avec les missiles. En effet avec les bouleversements techniques en matière d’armement, c’est un euphémisme que de dire que le cuirassé a été détrôné par le porte-avions en tant que vaisseau de commandement. Le canon et sa portée ont été remplacés par l’avion et son rayon d’action. Quant à son feu et sa précision, ils ne peuvent être comparés au missile. Une autre conséquence de cette appropriation de l’espace aérien par la stratégie maritime contemporaine, c’est effondrement de la séparation terre-mer. En effet le rayon d’action des avions mais aussi des missiles, la rend obsolète. Il est aussi nécessaire d’ajouter que la présence des missiles intercontinentaux, ne permet plus aux porte-avions d’exercer un rôle de dissuasion. Cependant ces structures offrent la possibilité de déplacer de la stratégie terrestre en tout point du globe et d’être appuyé en tout point par de la tactique aérienne. Comme elles sont de plus armées de missiles antiaérien, anti-surface et anti-sous-marin, ces entités tactiques sont une menace permanente sur l’ensemble de l’espacetemps stratégique. En tant que structures qui appartiennent à un réseau fonctionnel délocalisé, les porte-avions répercutent et provoquent le choc et l’action du commandement. Ils sont donc naturellement incorporés comme effet de bord dans la grande stratégie. La distance et la profondeur qui leur donnent leur indépendance, sont des éléments clefs pour les porte-avions dans une structure confidentielle. Les porte-avions sont donc des éléments de percolation pour l’interface terre-mer. Le cloisonnement tactique étant dépourvu désormais de sens, il est inconcevable de demeurer dans un confinement stratégique qui privilégierait le local sur le global même dans le cadre d’un processus de feu.

Dans le cadre de la confrontation au-dessous de la surface, la domination du sous-marin est incontestable. Le sous-marin plus puissant, plus rapide, plus efficace et bien sûr moins visible qu’auparavant ne représente plus seulement un complément tactique indispensable pour la flotte, il est devenu l’élément le plus stable d’une stratégie de long terme. Sa discrétion et son rayon d’action en font de plus un élément offensif absolument remarquable. Il n’est plus l’arme du faible qui tente de réduire le déséquilibre des forces maritimes. Élément tactique qui s’est transcendé via la technique nucléaire, le sous-marin est désormais l’arme du fort. Son évolution naturelle est celle du sous-marin nucléaire d’attaque. Néanmoins sa transformation la plus radicale a eu pour conséquence la création du concept de sous-marin stratégique qui n’a de sens véritable, du moins actuellement, que dans le cadre des très grandes puissances. Mais le sous-marin n’agit pas seulement comme un élément tactique complémentaire mais dans le cadre de l’attaque. En effet, le sous-marin met de plus en plus en évidence la faiblesse des grosses structures maritimes puisqu’il parvient à percer les écrans défensifs de ces dernières. Aussi il remet en cause le principe de domination de celles-ci et accentue la nécessité d’une structure en réseau.