1887 - Nimis liberi

N. Lygeros

Roxilien

Ils ne sont toujours pas là.

Azalie

Ils doivent refaire le monde !

Dolaine

Mais c’est ici que nous avons besoin d’eux.

Azalie

Ils s’intéressent plus au temps qu’à l’espace.

Roxilien

Et le Maître qui n’est toujours pas là !

Dolaine

Tu es sûr de sa venue ?

Azalie

En attendant le Maître, nous devrions nous occuper de l’apprenti. Un temps. Il nous regarde…

Ils s’avancent tous les trois vers le public et le fixent.Long silence. Roxilien regarde par-dessus Azalie et Dolaine.

Roxilien.

Que fait-il exactement ?

Azalie et Dolaine, avec insistance dans la direction du public. Elles semblent sereines.

Dolaine

Il prend son temps.

Roxilien, sur un ton ambigu.

Est-ce bien ?

Azalie

Peut-être…

Roxilien

Mais pourquoi ?

Dolaine

Car une caricature ne nécessite pas une telle préparation.

Roxilien

Ainsi le laid prend autant de temps que le beau.

Azalie

Le temps n’épargne personne.

Roxilien

Pas même l’apprenti. Un temps. Attendez !

Tout le monde s’immobilise. Un long silence.

Sans bouger.

Nous devons rester ainsi.

Dolaine

C’est trop difficile.

Roxilien

C’est peut-être la même chose pour lui.

Il montre le public.

Azalie

C’est toujours plus facile pour lui.

Roxilien

Tu le crois vraiment. Toujours immobile.

Dolaine

Il a le droit de bouger lui.

Roxilien

Mais il reste assis.

Dolaine

C’est plus facile.

Azalie

Ne pourrions-nous nous asseoir nous aussi ?

Roxilien

C’est impossible !

Dolaine

Les monstres sont comme les arbres. Un temps. Ils meurent debout.

Roxilien

Je ne veux pas mourir debout ! Silence.

Azalie

Couché ou debout, cela ne change rien.

Roxilien

Tu oublies la fatigue.

Dolaine

Et le sommeil.

Roxilien

Si les hommes connaissaient le véritable sens du sommeil…

Azalie, le coupant.

Ils dormiraient sur leurs lauriers.

Roxilien

Tu n’es pas drôle.

Azalie

Le sommeil non plus.

Dolaine

Comme la société.

Roxilien

Car elle dort ?

Azalie

Car elle endort les gens !

Obscurité.