1783 - Le cadre de la dernière lettre de Kneser à Carathéodory

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

La copie de la dernière lettre de Kneser à Carathéodory qu’il écrivit le 20/11/49 a pour cadre général l’oeuvre du mathématicien Erich Bessel-Hagen. Bessel-Hagen est né le 12/09/1898 c’est-à-dire la même année que Kneser. Il étudia à Berlin et Carathéodory le dirigea pour sa thèse qu’il soutint en 1920. Le titre de sa thèse était : Über eine Art singulärer Punkte der einfachen Variationsprobleme in der Ebene . A Göttingen il collabora avec Felix Klein pour l’édition de ses oeuvres complètes jusqu’à sa mort en 1925. A cette période, il passa son habilitation sur les fonctions elliptiques. Par la suite il collabora avec Helmut Hasse de 1927 à 1929. Alors il partit à Bonn où il resta jusqu’à sa mort le 29/3/1946. Là-bas, il s’occupa d’histoire des mathématiques avec Otto Toeplitz. A dehors de la fameuse anecdote avec le livre de Béla Kéréjártó, Erich Bessel-Hagen était très connu comme mathématicien talentueux, mais ses collègues se moquaient de lui à cause de son caractère. Carathéodory l’admit cependant comme étudiant et l’encadra pour sa thèse remarquable. Même Emmy Noether le remercia pour sa contribution. Dans un cadre complètement différent et plus humain, sa nature s’est exprimée avec l’affaire Felix Hausdorff. Le célèbre mathématicien, en 1941, se trouva dans une position très difficile à cause du régime nazi qui opprimait les Juifs. Pendant l’été 41, les nazis l’obligèrent à démissionner de l’université de Bonn. A cette époque, l’étudiant de Carathéodory, Erich Bessel-Hagen, était le seul qui conservait une relation avec Felix Hausdorff. Après le mois d’octobre 1941, Hausdorff et sa famille furent obligés de porter l’étoile jaune. Ensuite ils furent avertis de partir à Cologne. Bessel-Hagen s’inquiétait beaucoup pour eux et écrivit à un de ses amis qu’il considérait que ceci était le premier stade d’une expulsion en Pologne. Mais lui-même ne put les aider car les conditions empirèrent en janvier 1942. Alors ils furent avertis qu’ils allaient être emprisonnés à Endenich. Le 25 Janvier Felix Hausdorff écrivit à Wollstein :

“Dear Friend Wollstein

By the time you receive these lines, we three will have solved the problem in another way – in the way which you have continually attempted to dissuade us…

What has been done against the Jews in recent months arouses well-founded anxiety that we will no longer be allowed to experience a bearable situation…

Forgive us, that we still cause you trouble beyond death; I am convinced that you will do what you are able to do (and which perhaps is not very much). Forgive us also our desertion! We wish you and all our friends will experience better times.

Yours faithfully, Felix Hausdorff.”

Le jour suivant, Felix, sa femme et la sœur de celle-ci se suicidèrent. Ils ne pouvaient pas supporter leur malheur tandis que leur ami ne réussit pas à les aider. Kneser discutait avec Carathéodory à propos de cet homme, les derniers mois avant la mort de Carathéodory.