1343 - L’hymne à la joie et la marche à la turque

N. Lygeros

Les négociations pour les négociations ont commencé comme une farce. Sans doute parce que le ridicule ne tue pas. L’Europe retrouve sans doute un goût consigné dans la marche à la turque de Mozart. Il existe un indéniable effet de mode. Cependant l’hymne de l’Union Européenne n’est pas cette composition au grand regret de certains. C’est l’hymne à la joie de Beethoven qui a été choisi. Cependant il ne faudrait pas que l’œuvre du génie sourd soit l’hymne de la grande muette face à cette comédie turque. Car ici l’absurde atteint son comble. Et c’est tout le problème de la question orientale. Alors que la Turquie est uniquement un pays candidat à l’Union Européenne, elle tente déjà d’imposer son style fasciste. Elle désire, officiellement du moins, entrer dans une structure composée de 25 éléments dont elle ne veut pas reconnaître l’existence de l’un d’entre eux. Elle désire, officiellement du moins, signer un protocole mais sans que cela n’implique quoi que ce soit d’autre i. e. rien. Elle désire encore, du moins officiellement, rajouter un texte qui annihile le sens du protocole potentiellement signé. Mais ce n’est pas tout. Alors qu’une commission de juristes européens a déjà démontré que la signature du protocole implique une reconnaissance indirecte i.e. reconnaissance de facto et non de jure, l’Angleterre qui grâce à son occupation du nord de l’Irlande connaît les troubles de la Turquie, ferme cette marche à la turque en affirmant qu’il est tout à fait évident que cette signature n’implique rien. C’est à se demander alors pourquoi le protocole est considéré comme une condition sine qua non de la part de l’Union Européenne pour donner le feu vert aux débuts des négociations avec la Turquie. Que dire du protocole, s’agit-il d’une formalité ou d’une condition imposée ? Si c’est le premier cas pourquoi tout ce bruit pour rien ? Si c’est le second, quel est le besoin de parlementer ? Pour toutes les candidatures à l’entrée de l’ Union Européenne les critères ont toujours été sévères et parfois draconiens pour l’état de certains pays. Ici nous avons l’absurde fait état et nous nous contentons d’écouter ces propos incohérents comme s’il s’agissait d’une petite musique de nuit. Comment imaginer la présence d’un tel pays dans l’Union Européenne, alors que avant même son entrée il provoque déjà des problèmes diplomatiques ? Comme la France et l’Allemagne ont des difficultés au niveau national même si cela n’affecte que l’axe franco-allemand, l’Angleterre tente par tous les moyens que lui confère la présidence de l’Union Européenne d’imposer son propre point de vue dans le sens outre-atlantique bien sûr. Cependant cette langue de bois ne peut être celle de l’Union Européenne. Car cette farce a aussi des éléments tragiques. Le génocide des Arméniens, le massacre des Kurdes, l’occupation de l’île de Chypre n’ont rien de comique. Ce sont des crimes contre l’humanité qu’une marche à la turque ne peut nous faire oublier.