484 - De la transcendance des droits à l’émergence des hommes

N. Lygeros

Face aux problèmes qui préoccupent les peuples qui constituent l’humanité, il est plus facile de voir les ressemblances intrinsèques que les différences superficielles. Au sein même des nations unies, nous retrouvons une idée chère à la religion à savoir que les ennemis nous fortifient et que nous devons les traiter avec la plus grande des considérations. Car en nous mettant à l’épreuve comme aucun de nos amis ne le pourrait, ils nous offrent l’occasion de nous retrouver lorsque nous sommes dans la nécessité de revendiquer nos droits. A travers ces derniers, nous existons et nous vivons notre histoire.
Au palais des nations unies, nous apprenons rapidement qu’un peuple qui ne revendique pas non seulement il n’existe pas pour les autres mais il n’a pas même le droit à l’existence. Toute propension à l’existence ne peut s’obtenir qu’à travers la revendication. Il s’agit d’une démonstration effective que rien n’est dû et que tout droit doit être acquis. Peu importe que le pays soit grand ou petit, l’essentiel c’est que sa voix puisse être entendue au sein de la communauté.

A travers cette exigence existentielle, les peuples sont semblables. Ils se comportent de la même manière face à l’injustice. Et même si certains fonctionnaires n’envisagent leur rôle que comme une routine quotidienne, c’est via celle-ci que l’état qu’il représente existe dans le domaine des droits humains. De plus grâce à l’interprétariat, la différence linguistique a été abolie. Les peuples opprimés parlent désormais de la même voix. Et alors on se rend compte qu’ils partagent les mêmes pensées.

La vision extérieure du palais des nations unies semble une représentation constructive de la Tour de Babel. En réalité, il n’en n’est rien. Car même si les commissions doivent gérer des problèmes importants qui sont souvent la cause et les effets d’un conflit grave entre deux états, sur le fond il s’agit avant tout d’écoute. Chacun a le droit à la parole et à la réponse. Car cette organisation colossale n’a qu’un seul but : permettre le droit à la parole de tout représentant. Sans qu’il soit nécessaire pour cela d’utiliser une influence étatique.

Il est évident que dans ce système démocratique de masse, il existe des rapports de force et des aspects diplomatiques qui n’ont rien d’essentiellement humain. Cependant, malgré cela, c’est bien une structure qui est consacrée à l’Homme, à la notion d’Homme au sein de la masse. Ainsi peu à peu à travers cette masse, à travers l’inertie qui lui est naturellement associée, émerge l’Homme. Car via ses droits fondamentaux, il prend conscience de sa propre nature. Et cette immense mosaïque n’a qu’un seul sens : l’Homme.

Il est donc sans importance, si chacun des membres des commissions des nations unies n’a l’impression somme toute de n’accomplir que des missions mineures et des tâches subalternes, l’essentiel est ailleurs. Il se trouve dans la vision holistique de la structure. La diversité des peuples converge vers un facteur commun, un facteur universel : l’émergence de l’homme provient de la transcendance des droits. Car le droit d’être un homme n’est pas donné mais doit être acquis !

Chaque élément de cet édifice humain est donc important en soi car même s’il n’est pas unique, il est essentiel à l’ensemble. Il est avant tout un élément de construction indispensable. Car chaque accomplissement du moindre des représentants à la commission des droits de l’Homme est une réussite pour l’Homme. Par définition, les victoires des droits ne peuvent être que minimes dans un système démocratique massif aussi il ne faut pas s’attacher à la grandeur de celles-ci. Au contraire, il faut avoir une vision globale pour se rendre compte du réel progrès dans ce domaine. Ainsi dans cette immense diversité, l’essentiel c’est la convergence des revendications des peuples. Chacun à sa manière défend les mêmes droits et par ce biais il renforce la position de l’homme dans l’évolution du globe. C’est en cela que tous participent à l’humanisation du monde.