4254 - Remarque d’ordre archéologique sur le Prologue d’Electre de Sophocle

N. Lygeros

Au début du Prologue d’Electre de Sophocle, nous observons des indications topographiques avec les villes d’Argos et de Mycènes mais aussi urbanistiques avec la place et le palais de Mycènes mais aussi le temple d’Héra. L’ensemble de ces éléments qui n’apportent que très peu sur le plan littéraire, si nous ne tenons pas compte de la formulation homérique qui caractérise Mycènes, sont des indices précieux sur le plan archéologique. En effet, les adjectifs épithètes sont très peu informatifs tandis que le positionnement dans l’espace nous permet des recoupements dans le temps.

La scène de la pièce nous incite à penser que le décor se trouve devant le palais de Mycènes et plus précisément dans la cour. Car le palais n’est pas visible lorsque nous nous trouvons devant l’entrée de la ville, à savoir à la porte des lionnes. À cet endroit, il est effectivement possible d’apercevoir sur la droite la ville d’Argos qui est mentionnée dans le Prologue. Par contre que dire du temple d’Héra que Sophocle situe à la gauche de la scène ? S’agit-il d’un temple qui se trouve à l’intérieur ou à l’extérieur de la ville ?

Si nous considérons qu’il s’agit du premier cas, alors nous pouvons comparer les écrits de Sophocle avec les documents archéologiques que nous avons à notre disposition, d’une part après la découverte de la ville par Schliemann et d’autre part après le déchiffrement du mycénien par Ventris en 1952. Pour être plus précis, il suffit d’examiner un plan de la ville de Mycènes et retrouver le cadre de la pièce dans la zone (15) qui correspond à la cour face à la zone (15) qui correspond au palais. La configuration de l’ensemble par rapport aux lignes de niveaux, permet de montrer qu’il est effectivement possible d’avoir une vision directe de la ville d’Argos. Par contre, au-delà de la zone (11) qui correspond au couloir nord du palais, nous ne trouvons rien de spécifique à l’époque mycénienne. Car c’est uniquement à l’époque hellénistique que va être construit le temple d’Héra qui pourrait tout aussi bien être celui d’Athéna. Il est donc nécessaire d’exclure la possibilité d’un emplacement d’un temple dédié à Héra sur la partie gauche de la scène de la pièce de théâtre dans le contexte mycénien.

Il ne nous reste donc que la possibilité extérieure. À la suite de la suggestion de V. Tsatsaba, nous pouvons l’identifier avec l’écrit de Pausanius qui précise qu’à la gauche de Mycènes se trouve le temple d’Héra seulement ce dernier correspond à celui d’Argos. Cela prouve que Sophocle a rajouté cet élément dans son texte, alors qu’il ne correspond pas à la réalité historique.