3254 - Les gâteaux de la vie

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

– Viens avec moi !
– Où veux-tu aller ?
– Tu ne t’en souviens pas ? Un temps. Les gâteaux !
– Les gâteaux de la vie ?
– Oui !
– D’accord. C’est près non ?
– Je suis toujours près.
– Seulement qui le sait ?
– Les hommes.
– Vraiment ?
– Ils connaissent l’amertume de la société.
– C’est juste !
– Lequel veux-tu prendre ?
– Le plus gros.
– Tu es si triste ?
– C’était une blague !
– Bien sûr.
– D’ailleurs si je n’étais pas bien, je te le dirais.
– J’en suis certaine… pour me blesser…
– Mais je ne veux pas te blesser.
– C’était une blague !
– Finalement, qu’est-ce que tu prends ?
– La même chose que toi.
– Seulement un ?
– Je veux que nous le partagions… Puisque ce sera le plus grand.
– Tu as vu qu’ils ont apporté une cuillère seulement ?
– Tu en voulais deux pour un gâteau ?
– Non, tu as raison.
– Moi, je mangerai après.
– Non, toi d’abord.
– Cela n’est pas possible.
– Mais, pourquoi ?
– Si tu ne manges pas la première bouchée, comment me réjouir ?
– Et moi ?
– Toi, tu mangeras la première.
– Et toi ?
– La voisine.
– Tu préfères ?
– Oui !
– Pour quelle raison ?
– Celui qui mange la première fait comme s’il était seul.
– Tandis que la deuxième n’existe pas sans la première.
– Je veux être avec toi.
– C’est un gâteau.
– Comme l’amertume… une chose seulement.
– Mais qui veut la partager ?
– Ceux qui savent.
– Les gourmands ?
– Les hommes ?
– Les condamnés ?
– Les vivants ?
– Nous ?
– Oui, nous qui vivons doucement la condamnation de la vie.
– Je t’aime.
– Alors donne moi le second baiser.