2861 - L’heure du thé

N. Lygeros

Jadis l’heure du thé

ne durait pas seulement un instant.

Il avait un autre sens

plus profond et sans doute plus intime.

Sans nuage, sans sucre

le goût fumé du thé

était un poème sans poète.

Il appartenait au peuple démuni

qui ne pouvait boire autre chose

pour supporter la misère de l’exil

et la cruauté de la barbarie.

Il était le seul à chauffer

la chambre de bonne

de l’écrivain condamné à écrire

l’histoire d’une déchirure.