2526 - Le bruit qui pense. (Dialogue)

N. Lygeros

– Maître, pourquoi aimez vous tant la musique ?

– Car elle meurt aussitôt qu’elle vit.

– Cela ne vous attriste pas.

– Pour quelle raison ?

– Elle a à peine le temps de vivre.

– Elle a le temps nécessaire pour mourir.

– Est-ce suffisant pour vous. ?

– C’est le problème de la conscience.

– De quelle conscience parlez-vous ?

– De celle de la mort dans la vie, de celle de la vie dans la mort.

– Ces deux notions sont donc si intimement liées.

– Plus que personne ne l’imagine.

– C’est cela que vous entendez dans la musique ?

– C’est cela que j’écoute.

– Vous êtes sans doute le seul.

– A écouter la pensée du bruit ?

– A percevoir son sens.

– Cela change-t-il quelque chose pour la musique ?

– Je ne sais pas. Mais je crois…

– Que crois-tu ?

– C’est sans doute sans importance…

– Alors autant l’avouer.

– L’existence du maître est peut-être une nécessité.

– Pour la musique ?

– Pour que le bruit devienne pensée.

– Tu as raison, c’est sans importance désormais.

– Mais pourquoi désormais ?

– Car la chaîne existe.

– Pour combien de temps encore ?

– Le temps nécessaire