1535 - Des effets et des causes

N. Lygeros

L’ensemble de la société s’articule autour des effets car c’est là que se trouve le paraître. Les causes, surtout si elles sont grandes ne peuvent préoccuper la société. Elles appartiennent au passé et s’interrogent sur le futur. Tandis que la société n’est que présent. Un présent non offert mais exploité pour s’emparer de la réflexion des hommes. En réduisant le monde au présent, la société se donne l’impression d’être immortelle. Seulement elle ne trompe qu’elle même et la masse qui la constitue. Les causes lui sont inconnues aussi elle ne regarde que les effets comme si ces derniers n’étaient que des parures. Pour elle tout est une question de texture car elle ne travaille qu’en surface. La profondeur lui est étrangère. Ce qui est profond n’est pas visible et donc inutile pour la société. Si des hommes souffrent, si des hommes se battent pour leur liberté, si des hommes revendiquent leurs droits et si des hommes défendent leur mémoire au sacrifice de leur vie, la société demeure imperturbable. Pour elle, tout cela n’est que foutaise. La société n’a pas d’avenir car elle ne désire être que ce qu’elle est rien de plus, mais aussi rien de moins. Toute perturbation de ce contexte absolu, représente une nuisance pour elle. Aussi les penseurs qui ne recherchent que les causes et qui ne luttent que pour les causes, ne sont pas seulement inutiles mais nuisibles. Leur existence montre l’absurdité des principes de la société. S’intéresser uniquement des effets sans se préoccuper des causes, c’est nier la pensée.

L’ensemble de l’humanité s’articule autour de la recherche de la cause et de l’unité. Car l’être doit se définir pour évoluer et pour créer. Les effets ne peuvent qu’être les indices de la cause. Il n’est pas nécessaire d’avoir de grandes idéologies pour pouvoir parler de lutte. La lutte elle-même peut définir l’être car elle est son œuvre. Lutter pour la reconnaissance du génocide n’est pas seulement un devoir de mémoire c’est aussi une nécessité pour aller au delà des droits de l’home et comprendre ce que nous appelons l’humanité. Dans le cadre de cette recherche nous devons établir une véritable stratégie pour comprendre la noosphère. En d’autres termes, nous devons étudier la noostratégie afin de sortir de la notion de magma via des schémas mentaux diachroniques. Le cheminement n’est pas simpliste car il est simple. Il nécessite l’éveil et la notion de maître-diciple pour comprendre pourquoi et comment l’art du mentor représente une négociation noostratégique du monde. Les schémas mentaux s’assemblent pour constituer des modèles mentaux qui à leur tour se combinent pour former des théories mentales. Et via la métathéorie mentale, nous pouvons accéder à une structure ouverte pour découvrir les propriétés fondamentales de la noosphère qui est le cadre de la pensée de l’humanité.

Les effets et les causes sont donc deux éléments nécessaires à l’évolution de la pensée humaine. Elles n’appartiennent pas naturellement au cadre de la société et c’est pour cela que cette dernière tente de dénigrer l’une en mettant en évidence l’autre. Cependant seule la combinaison asymétriques de ces deux notions permet l’activation effective de procédures mentales qui ne se contentent pas seulement de comprendre en compressant mais aussi, et c’est le point le plus important, de créer l’avenir à partir du passé.