9318 - Le secret du diplomate

N. Lygeros

Le Chevalier n’avait aucune confiance dans le corps diplomatique. Il conservait dans sa mémoire les nombreux échecs et surtout les trahisons dont il était responsable à travers le temps. Cela ne l’empêchait pas de traiter au cas par cas certains de ses membres. La bibliothécaire savait bien qu’il n’était pas contrait mais qu’il agissait ainsi par choix. Cependant dans le cas de son disciple surnommé le diplomate, tout était différent. Et la raison était simple. Le Maître connaissait le secret du diplomate. Car il était déjà là avant même le génocide qui avait marqué l’histoire de sa famille. Le diplomate l’avait recherché, le Maître l’avait trouvé. Ensemble ils travaillaient à la cause et ce dans plusieurs langues à l’instar des Hospitaliers. Ils savaient tous les deux que cette étape était nécessaire à l’œuvre. Seulement cela ne pouvait suffire en soi. Surtout avec les nouveaux éléments au sujet du grand bleu. Le diplomate pensa au commencement qu’il n’existait aucun rapport et puis peu à peu, l’enseignement du Maître prit corps dans son esprit et il réalisa l’ampleur de l’approche holistique. Ce n’était plus une simple vision ou un objectif local mais véritablement un plan stratégique d’une envergure si grande qu’il était nécessaire de le cacher dans l’épaisseur du temps afin qu’il demeurât invisible à l’ennemi. Cette structure ouverte à la manière d’Umberto Eco ne dépendait pas du lecteur. Seule la compréhension de ce dernier était limitée par sa propre imagination.

Ainsi le diplomate se métamorphosa comme l’œuvre de Richard Strass pour aider à aider mais pas uniquement. En effet, il avait compris qu’il fallait être prêt pour l’autre sacrifice dans la prochaine vie. Aussi il se mit à traduire sur-le-champ les pensées du Maître pendant que celui-ci écoutait cette musique de 1945pour se préparer à plonger profondément dans le temps en faisant une pause ou plutôt en écoutant un silence qui l’emporta d’abord en 1898 après avoir supporté barbarie nazie, grâce à son chromatisme mais surtout son romantisme qu’il rapprocha peu à peu de 1615 puis de 1605, l’année où parut El Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha, qui le ramena à la fameuse bataille de Lépante via le célèbre manchot. Le diplomate s’efforçait de noter ce cheminement mental pour retrouver la lumière dans l’obscurité de la société. Son maître avait cet art de trouver des liens dans l’espace et le temps qui expliquaient les actes de l’histoire et la chronique du futur. Après tout, il s’agissait bien « de la grande affaire qu’avaient vu les siècles passés. » Car la remise en cause de la suprématie de la barbarie n’était pas une mince affaire. Cela même le diplomate pouvait le voir alors qu’il découvrait encore les arcanes du temps. À cet instant le Maître s’adressa à lui pour lui faire noter un autre indice indispensable à la suite de l’histoire.