697 - Une approche di-hémisphérique de la topologie de E

N. Lygeros

Le schéma le plus simple de la lettre majuscule comporte 4 traits. Cette lettre qui est la plus présente dans la langue française entre autres en raison du fait qu’elle représente une voyelle, semble très commune. Pourtant sa nature géométrique est très peu robuste en particulier au niveau de ses traits horizontaux. En effet, en enlevant le trait supérieur nous obtenons un minuscule, avec le trait central un majuscule et enfin avec le trait inférieur un majuscule. Cette lettre comporte donc un caractère ambigu, une fois détériorée partiellement. Cette propriété de non robustesse géométrique peut s’avérer très utile dans le cadre des sciences cognitives. En effet, elle permet d’activer aisément la plasticité cérébrale quant à la reconnaissance de formes. Via cette approche que nous nommerons di-hémisphérique puisqu’elle active les deux hémisphères pour être complètement analysée, nous pouvons forcer l’existence d’un système coopératif qui par sa complémentarité va améliorer les résultats d’un enfant en difficulté surtout si ce dernier a un déficit en termes de quotient intellectuel. Pour ce faire, nous enrichissons la structure géométrique de E par sa topologie en utilisant cette fois 12 traits pour le construire . Cet enrichissement permet une plus grande participation de l’hémisphère droit qui a un rôle dominant dans le traitement des informations visuo-spatiales et dans l’analyse des relations topographiques. Cette augmentation du rôle de l’hémisphère droit permet une approche transversale qui aide l’hémisphère gauche en difficulté. En effet, dans le cas d’un fort déficit, la lettre E n’est pas véritablement conçue comme un objet qui matérialise un son du langage articulé. L’hémisphère gauche à lui seul ne peut reconnaître l’entité abstraite aussi toute aide de l’autre hémisphère améliore la compréhension de l’enfant en difficulté. L’épreuve consiste à détériorer la lettre E (i.e. en enlevant un plus ou moins grand nombre de traits qui composent la lettre enrichie) et demander à l’enfant de le compléter. Cette opération doit être effectuée après la complétion de figures plus simples comme le carré et le triangle. La topologie de la lettre E est plus complexe, mais elle est essentiellement linéaire, ce qui facilite la tâche de l’enfant. Le processus de complétion permet d’affirmer la réalisation de la figure comme une entité à part entière. L’enfant structure des éléments de base dépourvus de sens au niveau du langage articulé et de cette manière il réalise un processus analogue à celui de la décomposition géométrique, la détérioration doit privilégier les traits horizontaux puisqu’ils sont redondants et que les autres sont plus informatifs. Pour mieux comprendre cette idée il suffit de considérer les deux cas de détérioration totale d’une part des traits verticaux () et d’autre part des traits horizontaux (). Enfin la richesse de cette lettre permet d’établir un spectre de complexité qui détermine l’aptitude de l’enfant à la reconnaître et à évoluer après l’intervention de l’acteur pédagogique. Cette approche généralisée pourrait permettre une autre manière d’aborder les lettres de l’alphabet via la coopération active des deux hémisphères.