656 - L’enfant phénomène (14)

N. Lygeros
Traduit du Grec par l'auteur

Quand le petit-fils du voleur arriva, tout le village dansait. La clarinette jouait sur un rythme lent et ancien. Les mouvements étaient rares mais tous étaient importants. Chaque danseur sentait profondément la force de cette danse. Tous savaient qu’elle était unique. Le petit regardait le village et voyait la résistance danser. Dans cette danse il n’existait plus d’hommes et de femmes mais seulement des combattants. Le voleur lui avait montré les premiers pas et le petit les avait gravés dans sa mémoire. Personne ne le vit, il avançait. Il avait avec lui les trente feuilles et personne ne pouvait l’arrêter. Et à l’heure où la danse passa devant lui, il prit fortement la main du premier danseur. Celui-là fut surpris mais ne dit rien. Il vit le petit et eut de la peine. Mais quand le petit-fils du voleur commença à danser, tous reconnurent son style. Lui seul dansait de cette manière. Les femmes laissèrent leurs hommes danser seuls avec le petit. C’était la première fois qu’ils le voyaient mais tous comprenaient qui il était. La marque du petit transforma la danse. Le rythme de la clarinette changea et devint plus belliqueux. Le petit-fils possédait la force du voleur et tous les hommes comprenaient que l’heure du combat était arrivée. La résistance du temps avait semé le premier combat. Le petit les avait soulevés. Les femmes commencèrent à croiser leurs bras. Elles regardaient le petit avec crainte et admiration. Le premier danseur pensa que l’avait tenu par la main le terrible voleur. Telle était la force du petit. La main était petite mais le feu l’avait brûlée et elle était intrépide. La poignée du premier danseur brûlait, ses entrailles brûlaient aussi. Il ressentait l’esprit du voleur et regarda le ciel. Il était devenu serein. Il marcha sur la terre avec force non pour la blesser mais pour qu’ils touchent la couleur interdite. Ce jour-là, la grande nuit commença à tomber.