5283 - La vérité de l’autoportrait

N. Lygeros

« Tu verras dans l’autoportrait

que je te joins que,

bien que je sois allé à Paris,

à Londres et dans tant d’autres grandes villes

des années durant,

j’ai toujours plus ou moins l’air

d’un paysan du Zundert…

et quelquefois,

je m’imagine que je sens

et pense aussi comme cela,

seulement les paysans sont plus utiles dans le monde.

C’est seulement quand on a tout le reste

qu’on acquiert le sens des tableaux,

des livres, etc. et le besoin d’en posséder.

Selon ma propre estimation,

je suis donc bien inférieur aux paysans.

Ma foi, laboure mes tableaux

comme eux leurs champs. »

Si Vincent se peint,

c’est qu’il manquait de modèles.

Il ne cherche plus la vérité,

il désire seulement la montrer.

À travers l’autoportrait

et son introspection

il fait son autocritique

mais à la manière de Socrate

dans son Apologie.

Il ne cache rien,

il ne ment pas,

il exagère sans doute

mais c’est toujours pour montrer.

La voie existe ;

il le sait, il l’a empruntée.

Seulement, il est seul

et il pense à son frère.

Il ne s’agit pas de quitter

ou même de pleurer

mais de souffrir ensemble

dans la même solitude

jusqu’à la délivrance.