4450 - Contrariété solaire

N. Lygeros

Vincent : Tu n’étais pas là !

Théo : Tu sais bien que…

Vincent : C’est toujours la même chose avec toi !

Théo : Que s’est-t-il passé ?

Vincent : « Ai eu contrariété pour le coucher de soleil avec figures et un pont, dont je parlais à Bernard ».

Théo : Quelle est donc cette contrariété ?

Vincent : « Le mauvais temps m’empêchant de travailler sur place, j’ai éreinté complètement cette étude en voulant la finir chez moi ».

Théo : Était-ce une commande ?

Vincent : Non point !

Théo : Alors pourquoi cette précipitation ?

Vincent : Je me devais de le faire.

Théo : Je comprends enfin.

Vincent : Voilà, c’est dit !

Théo : Et qu’as-tu fait ensuite ?

Vincent : « J’ai aussitôt après recommencé le même motif sur une autre toile ».

Théo : Finalement tu en es venu à bout !

Vincent : Pas du tout, tu n’y es pas !

Théo : Comment ?

Vincent : « Mais le temps étant tout autre », j’ai fait l’étude « dans une gamme grise et sans figure ».

Théo : Je vois…

Vincent : Non, justement tu ne vois pas.

Théo : Que veux-tu dire ?

Vincent : L’idée n’est pas là. Je voulais du soleil et des figures.

Théo : Tu pourras le faire par la suite. Rien n’est perdu.

Vincent : Au contraire !

Théo : Je ne te comprends pas.

Vincent : Ces figures sont perdues.

Théo : Quelle importance ? Tu en trouveras d’autres !

Vincent : Ce n’est pas la même chose.

Théo : Pourquoi donc ?

Vincent : Je dessine des figures pour ne pas les oublier

Théo : Qu’ont-elles de si important ?

Vincent : Ce sont des morceaux d’humanité !

Théo : En quoi sont-elles uniques ?

Vincent : Ce sont des hommes.

Theo : Comme les autres, non ?

Vincent : Ce sont des hommes qui n’existent pas si je ne les peins pas car la société les a déjà oubliés.