4142 - La place et le désert

N. Lygeros

Ce n’était pas une simple manifestation

car nous n’avions plus rien à perdre

si ce n’était la dernière dignité

des hommes qui ne connaissaient que le désert,

et sur cette place vide comme le néant

nous n’osions regarder le ciel

de crainte de subir la colère

du bleu et de l’ocre que nous aimons tant.

Aussi lorsque le rouge éclaboussa

certains d’entre nous malgré le soleil

nous fûmes incapables de réaliser

l’absurde de cette nouvelle peste

comme si nous ne savions pas encore

que nous étions condamnés à vivre

uniquement pour voir notre exil

à travers les pays sans lumière.