3300 - L’accord secret

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

    Myrsini : Comment va l’essai ?
    Michel : Ne t’inquiète pas, je ne vais pas tarder à le finir.
    Myrsini : Tu l’as fini ?
    Michel : Ça te surprend ?
    Myrsini : C’est-à-dire, il n’est pas gros ?
    Michel : Gros ?
    Myrsini : Je veux dire avec beaucoup de pages…
    Michel : Non, pourquoi ? Silence.
    Myrsini : Tu n’as pas écrit un livre dont le titre est « L’humanité et le temps » ?
    Michel : Non, mais ces thèmes sont le substrat de presque tous mes livres.
    Myrsini : C’est ce que je pensais aussi. Un temps. Ça ne serait pas bien pourtant un livre qui en traiterait spécialement ?
    Michel : Sûrement.
    Myrsini : Alors pourquoi tu ne l’écris pas ?
    Michel : Myrsini…
    Myrsini : Oui ? Un temps. J’ai fait une erreur ?
    Michel : Peut-être veux-tu me dire quelque chose ?
    Myrsini : Comment as-tu pensé ça ?
    Michel : Viens près de moi, bébé.

    Elle saute sur lui.

    Myrsini : Il faut que tu m’aides !
    Michel : Avec quoi ma chérie ?
    Myrsini : Il faut que tu écrives un gros livre…
    Michel : Tu veux ça, seulement ?
    Myrsini : Oui, seulement ça.
    Michel : Et tu ne me diras pas pour quelle raison ?
    Myrsini : Et il faut qu’il ait ce titre. Un temps. Tu me le promets ?
    Michel : Comme tu veux, ma Myrsini. Il l’enlace.
    Myrsini, dans ses bras  :  Je suis tranquille maintenant…
    Michel : Ça me fait plaisir.
    Myrsini : Je sais, d’habitude je te dis que tu écris beaucoup.
    Michel : Ça n’a pas d’importance. Tu as raison.
    Myrsini : Cette fois les choses sont différentes. Habituellement tu écris pour l’humanité. Maintenant je veux que tu écrives pour les hommes.
    Michel : La différence est si grande ?
    Myrsini : Bien sûr ! Un temps. Parce que cette fois je les connais !
    Michel : Et qui c’est ?
    Myrsini : Agathe, moi et … Un temps. Luis.
    Michel, surpris : Luis ?
    Myrsini : Tu le connais ?
    Michel : Je ne suis pas sûr que ce soit le même…
    Myrsini : Il fait des traductions en espagnol.
    Michel : À quoi ressemble-t-il ?
    Myrsini : Je ne l’ai pas vu… Nous avons parlé au téléphone. L’accent….
    Michel : Il est innocent, n’est-ce pas ?
    Myrsini : Oui, très.
    Michel : C’est ça. Un temps. Seulement quel est le rapport avec le livre ?
    Myrsini : Il va le traduire en espagnol.
    Michel : Mais je pensais qu’il voulait enseigner à l’école.
    Myrsini : Oublie ça … Un temps. Agathe…Silence
    Michel : Bien, bien…Ne te tracasse pas…Je l’écrirai.
    Myrsini : Et il doit être gros !
    Michel : Il le sera.
    Myrsini : Écris ce que tu veux…Un temps. Mais…Silence.
    Michel : Dis-moi.
    Myrsini : Mais ne le blesse pas avec tes écrits. Je veux que nous lui fassions tous plaisir. Et qu’il ne soit plus malheureux.
    Michel : Je te le promets. Elle le serre fort.