242 - Sur la symbolique de la Mémoire du Futur

N. Lygeros

L’élément stratégique originel de l’œuvre provient de la confusion herméneutique entre les notions de lumière et de feu dans le mythe de Prométhée. La lumière est le symbole de la gnose tandis que le feu celui de la puissance, les confondre équivaut à confondre le savoir et le pouvoir.
Les hommes attirés par le pouvoir des dieux interprètent le sacrifice prométhéen comme un vol du symbole du pouvoir, comme un moyen d’accéder au rang des dieux par la maitrise du feu. Alors que le but de Prométhée était d’offrir en don à l’humanité l’accès à la connaissance, la seule qui soit capable de transcender l’humanité.
Seulement cette connaissance était une épreuve alors que la puissance représentait la jouissance et les hommes choisissaient de se priver de la connaissance. Assoiffés de pouvoir, ils brûlèrent la lumière.
Cependant, alors que pour accéder à la lumière, il avait suffi du sacrifice d’un génie universel pour conquérir le feu, c’était un massacre d’innocents qui était nécessaire. Il avait suffit d’une vie pour découvrir l’aube mais il fallut des millénaires pour attendre le crépuscule.
Prométhée avait pris garde d’enfermer tous les malheurs de l’univers de l’humanité dans une boite et la mémoire d’un mythe avait protégé le futur de l’humanité. Pourtant avec l’oubli de la lumière, la tentation du feu devint trop grande. Et les hommes ne purent y résister. Le feu brisa l’insécable et libéra sa puissance. Ce que la lumière avait créé, fut détruit par le feu. Le ciel brûla en pleine nuit. C’est ainsi que l’humanité découvrit l’essence de son existence. Désormais, au seuil du chaos, consciente de son caractère éphémère, après avoir cru durant des millénaires à une éternité, elle comprit le véritable enseignement de Prométhée : la mémoire du futur. Libéré d’un fallacieux espoir, seule face au néant, responsable de tout devant tous, l’humanité doit choisir son destin. Pour cela, à travers le feu, elle doit retrouver la lumière : le don prométhéen capable d’éveiller sa pensée.