2338 - La géométrie en tant qu’instrument pour l’étude des ombres de Leonardo da Vinci

N. Lygeros

Pour aborder le traitement de l’ombre chez Leonardo da Vinci, il ne faut pas passer directement à sa texture si particulière. Il faut tout d’abord enlever la peinture et se restreindre aux études du crayon qui permettent de mieux saisir sa technique avant de tenter de comprendre son art. Pour atteindre ce but le manuscrit A de la bibliothèque de l’Institut et celui de Windsor sont particulièrement précieux. En effet dans ces manuscrits nous trouvons des analyses qui mettent en évidence l’importance de la géométrie dans la modélisation de l’ombre par Leonardo da Vinci. Il utilise par ses études les concepts de l’optique linéaire. De cette manière il décompose l’ombre finale à l’aide de constructions d’ombres primaires et dérivées. Cette technique analytique lui permet d’être très précis sur la nature de l’ombre qu’il doit représenter afin de rendre un effet particulier. Voici une explication de son propos. Notre représentation est du même type que celle de Leonardo da Vinci sans être pour autant la même.

« L’ombre la plus obscure est l’ombre dérivée simple car elle ne voit aucune des deux sources lumineuses ab et cd »

« La deuxième, moins obscure, est l’ombre derrière efn, de moitié moins obscure parce qu’elle est vue et éclairée par une seule lumière à savoir cd »

« La troisième est l’ombre médiane, mais sa teinte naturelle n’est pas uniforme, car elle devient plus obscure à mesure qu’elle s’approche de l’ombre dérivée simple et en outre elle est altérée par la décroissance uniforme selon le lieu, c’est-à-dire que, plus elle s’éloigne des deux sources lumineuses, plus elle devient obscure. »

« La quatrième est l’ombre krs, et celle-ci devient naturellement plus obscure à mesure qu’elle se rapproche de ks, parce qu’elle regarde alors petite portion de ab mais selon le lieu elle s’éclaire parce qu’elle se rapproche de la lumière cd et cette ombre voit toujours les deux sources. »

« La cinquième est la moins obscure de toues, car elle regarde toujours une des deux sources en son entier et au moins une partie de l’autre ; elle s’éclaire davantage à mesure qu’elle s’approche des deux sources, et aussi à mesure qu’elle s’approche du côté extérieur xt car elle est alors plus exposée à la seconde lumière ab. »

Ce type de schéma et de procédure à suivre est tout à fait révélateur de l’approche de Leonardo da Vinci.