21670 - Remarques sur le Traité de Lalla-Marnia (18 Mars 1845)

N. Lygeros

Le Traité de Lalla-Marnia a été signé le 18 Mars 1845 entre les plénipotentiaires de l’Empereur des Français et de l’Empereur du Maroc. Comme le mentionne l’article 1 du Traité, les deux plénipotentiaires ont convenu que les limites, qui existaient entre le Maroc et la Turquie resteront les mêmes entre l’Algérie et le Maroc. Le second article précise que la limite convenue, permettait de dire que tout ce qui est à l’est appartient à l’Algérie, et tout ce qui est à l’ouest au Maroc. Le troisième article décrit de manière précise la ligne de délimitation. Elle utilise pour se définir aussi le nom des tribus qui y sont établies. Ainsi sont mentionnées les tribus Beni-Mengouche, Tahta et Aâttïa. Ce sont des sujets marocains qui sont venus habiter sur le territoire de l’Algérie moyennant une rente annuelle. Mais les commissaires plénipotentiaires de l’Empereur des Français ont consenti à ne demander aucune rente. Le quatrième article concerne précisément le Sahara. Il mentionne qu’il n’y a pas de limite territoriale à établir entre les deux pays, puisque la terre ne se laboure pas et qu’elle sert seulement de passage aux Arabes des deux Empires qui viennent y camper pour y trouver les pâturages et les eaux qui leur sont nécessaires. Il énumère ensuite les tribus qui dépendent du Maroc et celles de l’Algérie. Le cinquième article est relatif aux villages du désert des deux Empires. Le plus surprenant article est sans aucun doute le sixième puisqu’il précise que comme au-delà des villages du désert, il n’y a pas d’eau et que le pays est inhabitable et que c’est le désert proprement dit, la délimitation en serait superflue. Quant au septième article, il prévoit de ne pas appliquer le retour forcé d’un individu qui a quitté son pays. Ainsi le tracé de la ligne n’est défini que sur 165 kilomètres. Même après la colonisation du Maroc en 1912, la délimitation n’est pas éclaircie et nous observons des différences entre la ligne Varnier (1912) et la ligne Trinquet (1938). En réalité, il faudra attendre la découverte de gisements de pétrole, de fer et de manganèse pour que la France délimite plus précisément cette région. Ce n’est donc qu’en 1952 que la France intègre aux départements français d’Algérie les régions de Tindouf, de Colomb Bechar. Ainsi le Maroc, dès son indépendance, revendique ces territoires sur la base du Maroc historique. La France propose le principe de restitution parallèlement à l’existence d’une organisation commune des régions Sahariennes. Le roi marocain préfère un accord en 1961 avec le Chef du Gouvernement provisoire de la République algérienne, seulement celui-ci a été évincé à l’indépendance de l’Algérie. Cela va finalement aboutir à la guerre des sables (1963-1964).