1743 - Les inventions de Leonardo da Vinci

N. Lygeros

Il est sans doute difficile de prouver de manière incontestable quelles sont les inventions de Leonardo da Vinci. Pourtant en examinant quelques cas bien particuliers, cela devient possible. Parmi ces cas nous trouvons : la machine volante, la machine à polir les miroirs et des machines pour les textiles. Dans ce cadre, Leonardo da Vinci n’est plus à la recherche de son modèle grec, à savoir Archimède. Il appartient à son époque, vit dans la Renaissance mais entreprend de s’émanciper à travers ce que nous nommerons par la suite, science. Il étudie systématiquement certains auteurs comme Frontin, Valturio ou encore Végèce. Et dans le domaine des techniques d’armement, son apport se réduit aux procédés de fonderie. Par contre il a eu de nombreuses idées dans le domaine de l’hydraulique ou encore dans la conception d’une chaîne articulée pour la transmission des mouvements. Nous observons chez Leonardo da Vinci, une volonté systématique de passer à la mécanisation de la construction d’un outil et en cela, il se démarque de ses devanciers.

Ce qu’il invente avec ses machines à polir les miroirs, c’est la possibilité de gérer la concavité de ces derniers. Pour les miroirs plans, une même manivelle effectue un mouvement alternatif et un mouvement circulaire continu. Pour les miroirs concaves, Leonardo da Vinci a élaboré différentes variantes qui lui permettent de polir des miroirs selon leur rayon de courbure et la distance focale (cf. p195 Les ingénieurs de la Renaissance ).

Dans le domaine des machines pour les textiles, il n’a pas perfectionné le rouet à filer comme nous l’avons toujours pensé, en effet, l’ailette existe déjà dans un manuscrit allemand de 1470. Par contre, Leonardo da Vinci s’est attaché à égaliser la distribution du fil sur la bobine. Et il a imaginé un système qui arrête le rouet lorsque le fil casse. Enfin, il note l’importance de la croisure des fils dans la filature de la soie. Sans oublier le fait qu’il a aussi conçu une machine à tondre les petits bérets de laine des paysans italiens. Celle-ci est une amélioration plus fine de sa machine pour la tonte des draps.

Cependant, sa plus grande invention c’est bien celle de la machine à voler. Pour la concevoir, il a utilisé la même méthodologie que pour les machines textiles. Comme il avait observé les ouvriers, cette fois il étudia le vol des oiseaux et en particulier des grands. Sa conception du vol ressemble à ce que nous nommons aujourd’hui le vol à voile. Pour cela il étudia et décrivit avec minutie la position et l’ouverture des ailes, le rôle des plumes, l’importance du vent et des courants d’air, le problème de l’articulation de l’aile, la possibilité d’une réalisation mécanique. Pour ce projet, il réalise un véritable traité qui s’inspire aussi bien du vol du milan, de l’articulation de l’aile de la chauve-souris ou encore de la portance de l’aile du pélican. Dans ce type d’étude, nous retrouvons certes l’esprit des concepteurs d’automates, mais la différence fondamentale se fait dans sa capacité d’observer la nature et codifier ses propriétés.