1668 - Le raisiné de notre enfance perdue

N. Lygeros

La vieille dame était très pauvre
Mais rien ne pouvait lui résister
Pas même l’infortune.
Aussi faisait-elle cuire longuement
Le précieux moût de raisin
Après y avoir ajouté des mûres de ronces
Pour nous préparer son unique confiture,
Savamment soutirée au raisiné.
Nous étions les enfants de la nécessité
Mais elle était la seule à le savoir
Car elle plongeait notre enfance
Dans ce qu’elle avait de plus doux.