1439 - Mise au point stratégique

N. Lygeros

En stratégie, dans le cadre de la manœuvre relationnelle, nous connaissons tous l’exemple du débarquement de Gallipoli en 1915 qui fut une tentative avortée selon les propres termes de Edward Luttwak, pour contraindre l’Empire Ottoman à abandonner sa participation au conflit mondial, en exerçant une menace directe sur Istanbul. Pourtant, ce fait est absent dans le discours de Jack Straw comme si ce dernier avait peur que les membres de l’Union Européenne ne découvrent ou ne réalisent que la Turquie s’était alliée au régime de l’axe durant cette première guerre mondiale exactement comme elle l’a fait par la suite avec le régime nazi. En effet, il est très facile de ne choisir que quelques dates pour les exploiter comme éléments dans une argumentation fallacieuse. Il est cependant nécessaire de vérifier que ces dates sont révélatrices pour l’ensemble du comportement d’un système. Les coalitions elles-mêmes doivent être analysées doublement pour être véritablement comprises. Il en est de même pour l’appartenance de la Turquie à l’organisation de l’OTAN puisque celle-ci n’a aucunement empêché ce régime de se comporter en barbare à l’égard de ses pays voisins. Car cette appartenance provient entre autres de la volonté américaine d’avoir une véritable plateforme d’opération afin d’être au plus près possible de la zone critique du Moyen-Orient. Aussi cette appartenance n’est pas une preuve de la caractéristique européenne de la Turquie, mais au contraire de son appartenance au Moyen-Orient. De plus, l’Union Européenne ne représente pas une structure semblable à celle de l’OTAN qui porte encore les marques historiques de la guerre froide. Par contre, dans le cadre d’une vision outre-atlantique qui est préférée par la diplomatie britannique, l’OTAN représente un bon modèle pour l’Union Européenne. Il est donc nécessaire de remettre en cause ce type d’analogies qui ne correspondent en rien à la pensée européenne qui partage des valeurs et des éléments culturels qui se fondent sur les Droits de l’Homme et les acquis du Siècle des Lumières. Le discours de Jack Straw n’est qu’une vaine tentative d’imposer un dogme dépourvu de sens. La Turquie tant qu’elle ne reconnaîtra pas ses crimes de guerre et contre l’Humanité ne pourra faire partie d’une structure telle que celle de l’Union Européenne. Les discours diplomatiques ne changent rien car l’histoire est là et avec elle, ses témoins du passé. Conscients de la barbarie que représente le système turc, le penseur européen ne peut accepter de négocier son éthique, sous prétexte d’intérêts locaux. L’Union Européenne fondée sur le principe de diversité se doit de protéger ses peuples des régimes autoritaires qui se croient tout permis car ils ont fait de la guerre, leur politique extérieure.