11537 - ZEE et stratégie horizontale

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Ceux qui donnent de l’importance au rôle de la Turquie sur la question de la ZEE, le font à cause de l’habitude et non de la valorisation des données. Pour rendre le problème plus compréhensible à tous, il suffit de regarder l’exemple théorique qui suit. Si nous supposons donc que, subitement, la Turquie change d’avis et soit tout à fait positive vis-à-vis de nous et veuille même coopérer. Alors, nous ferions un accord immédiat délimitant notre ZEE via la ligne médiane et il y aurait bien entendu une coexploitation, si un gisement se trouvait juste sur cette ligne. La question qui suit est simple. Pourrions-nous exploiter les grands gisements qui se trouvent dans la ZEE grecque ? Et la réponse est instructive : non ! Examinons maintenant, en détail, la raison. Les importants gisements-cibles sont tous loin de la côte. Ceux qui se trouvent en mer Ionienne nécessitent un accord avec l’Albanie et bien plus avec l’Italie. Les gisements situés au sud de la Crète, et qui sont les plus grands, ont besoin d’un accord avec la Libye. Les gisements trouvés dans la partie grecque du bassin d’Hérodote ont besoin d’un accord avec Chypre et encore plus avec l’Égypte. Nous nous rendons compte ainsi que l’accord avec la Turquie ne concerne pas les gisements d’hydrocarbures, mais qu’il s’agirait d’un accord formel diplomatique sans que suivent des apports, et ce des deux côtés. Ce fait est évidemment connu des experts des deux pays. Par conséquent, faire constamment face à ce problème, devient tout simplement une question d’habitude et non une stratégie d’investissement. Il n’y a donc aucune raison de commencer les négociations de cette façon. Il est prouvé de manière indiscutable qu’il faut faire comme Chypre qui a déjà fait deux tours de concessions avec succès sans aucun problème réel. La stratégie doit par conséquent se préoccuper de la signature d’accords avec les pays qui sont positifs dans l’esprit de la Loi de la mer et situés dans des zones présentant un intérêt immédiat pour mettre en valeur le plus rapidement possible enfin la ZEE grecque et d’aider le peuple grec qui souffre de cette situation économique. Il n’y a aucune raison de tergiverser avec des choses secondaires, il est temps de mettre en œuvre une stratégie horizontale qui relie les pays de la Méditerranée orientale dans un cadre commun où nous pouvons nous aider mutuellement et jouer en allié avec Chypre et l’Union Européenne. Nous devons également utiliser le nouveau cadre européen, en particulier la Route Énergétique 2020 et 2050 qui met l’accent sur l’Arctique et la Méditerranée Orientale où nous jouons l’un des rôles les plus importants. Concentrons-nous sur cela au lieu de perdre du temps car il s’est passé tant d’années sans résultat substantiel, et suivons la méthodologie de Chypre. Nous en avons besoin en tant que stratégie et nous disposons d’un cadre allié immense, donc valorisons notre dignité et nos valeurs qui sont diachroniques.