11237 - Le modèle mental de l’Union Européenne

N. Lygeros

Sans vision géostratégique, au sein de l’Union Européenne, de nombreuses personnes ont pour impression générale, que les adhésions successives représentent une fuite en avant ou du moins un processus non contrôlé. À l’occasion de cette année qui correspond aussi à l’entrée de la Croatie dans l’Union Européenne, il n’est pas inutile de montrer qu’il s’agit du pays de l’ex-Yougoslavie qui a le la plus grande Zone Économique Exclusive. En réalité en examinant attentivement la structure de l’Union Européenne et sa manière d’évoluer, nous voyons qu’elle obéit à des lois topostratégiques. Dans ce sens, elle a une tendance à converger vers un objet compact qui correspond à l’ensemble de la péninsule européenne. De plus, comme l’Union Européenne possède la plus grande ZEE du monde, elle joue à fond la carte des petites îles extrêmes qui disposent des plus grands rapports de surface entre la partie maritime et la partie insulaire. Elle exploite à ce niveau la ZEE de la France qui détient la seconde plus grande ZEE nationale essentiellement grâce aux DOM-TOM, car seule la Guyane française correspond à une partie continentale. Dans ce cadre, l’espace européen contrairement à ce que pensent les personnes non-spécialistes, est relativement réduit. Dans son ensemble grâce à sa compacité et à sa capacité à toucher la mer Méditerranée, l’océan Atlantique, la mer du Nord et l’océan Arctique. Ses capacités justement, lui permettent de mettre en place, une politique énergétique dans le cadre du programme 2020 et 2050 d’investissement de recherches dans le domaine des hydrocarbures en Mer Méditerranée orientale et en Arctique via le Conseil de l’Arctique où elle intervient via l’état-membre du Danemark et l’état associé de la Norvège. C’est aussi pour cette raison qu’elle demande d’être membre observateur du Conseil de l’Arctique. Ainsi elle décide que deux régions essentiellement hors de son espace terrestre, sont des réserves stratégiques énergétiques. À ce niveau-là, nous réalisons combien le modèle mental de l’Union Européenne est radicalement différent de celui du citoyen moyen qui est noyé dans un espace quotidien et ne peut prendre conscience de la grande stratégie qu’elle poursuit afin de stabiliser l’ensemble de son espace. Il serait donc bon d’exploiter plus efficacement ce modèle dont le substrat est historique et mathématique pour mieux saisir les enjeux de l’avenir européen.